Du panache à l’École française de Thessalonique
Du panache à l’École française de Thessalonique
Nous vous présentons aujourd’hui le nouveau logo de l’École française de Thessalonique (EFT), que l’équipe vient de finaliser.
L’idée de repenser l’identité visuelle de notre école germait dans les esprits depuis la dernière rentrée scolaire et l’arrivée de la nouvelle équipe de direction. Elle propose alors de tenter le projet en interne, toujours dans cet esprit d’initiative, de créativité et de travail collectif que nous développons à l’EFT. Les élèves du secondaire se mobilisent et conçoivent un schéma autour d’idées bien précises, comme on peut le voir sur leur croquis :
– le coq, pour symboliser la France ; des branches d’olivier, pour symboliser la Grèce ;
– les couleurs de nos deux pays, le bleu, le blanc, le rouge ;
– et bien sûr le nom de l’école, sa date de création, 1906 (pour marquer l’ancienneté de notre établissement dans la ville¹), et les niveaux proposés (maternelle, primaire, collège, lycée, soit la totalité du cursus, de 2 à 18 ans).
Les élèves transmettent le projet au graphiste, un ancien élève de l’EFT aujourd’hui étudiant en Design/Animation, qui stylise le logo sur image numérique autour des emblèmes centraux du coq et de l’olivier. Les couleurs sont ensuite affinées : la nuance de bleu sélectionnée avec la direction, pour évoquer la Grèce, et le rouge sur la crête du coq ajouté par le graphiste, pour rappeler le drapeau français.
La dynamique d’équipe a bien fonctionné et le coq aux allures sympathiques a déjà des adeptes.
Revenons maintenant brièvement sur les symboles de nos deux pays choisis par les élèves, le coq pour la France, l’olivier pour la Grèce.
L’expression coq gaulois remonterait aux poètes romains qui jouaient sur l’homophonie entre gallus, le coq, et Gallus, le Gaulois (habitant de la Gallia, la Gaule, ancêtre de la France). On retrouve d’ailleurs ce nom dans l’appellation de la France en grec, Gallia. Le coq est à l’époque un attribut de plusieurs dieux romains (Jupiter, Mars, Apollon et surtout Mercure) et les coqs, notamment votifs, sont très courants dans l’imagerie collective. L’allégorie fait référence aux traits de caractère déduits du comportement de l’animal : il est l’annonceur du lever du jour, mais aussi la figure du panache et de la bravoure. A partir de la Renaissance, le coq symbolise le roi de France et son royaume, mais c’est surtout pendant la Révolution française que l’animal devient l’emblème du peuple en colère et de la France qui renait de ses cendres, tout en représentant également la vigilance.
Quant à l’olivier, il est intrinsèquement lié à la vie des habitants du pourtour méditerranéen depuis des millénaires. Il est considéré comme un cadeau précieux de la nature et a toujours accompagné les Grecs à tous les moments de leur vie, tant pour ses fruits, son huile, que ses branches. Il est omniprésent dans la mythologie grecque. La légende la plus illustre est celle de la déesse Athéna, en compétition avec Poséidon pour la possession d’Athènes : quand celui-ci frappe la terre de son trident pour en faire jaillir un imposant étalon noir (ou une source d’eau salée, selon les récits), la déesse, elle, fait naître un olivier de la terre brûlée par le soleil. L’arbre immortel qui permet de nourrir et soigner les hommes est jugé bien plus utile pour le peuple, et Athéna devient ainsi la protectrice d’Athènes. Dans l’Odyssée d’Homère, le pieu avec lequel Ulysse crève l’œil du cyclope est taillé dans un olivier. C’est aussi depuis l’Antiquité que l’olivier est un symbole de paix : des couronnes d’olivier étaient portées par les jeunes mariées et les rameaux de l’arbre, accompagnés de jarres d’huile d’olive, étaient offerts aux vainqueurs des Jeux olympiques.
De beaux symboles pour une école au cœur de Thessalonique depuis aujourd’hui 115 ans, qui a su relever de nombreux défis avec audace et panache, toujours autour de valeurs fondamentales de paix et de dialogue entre les cultures.
¹ Voir Chronique du Jeudi n°3
